Après le sommet du G5 à Pau
La France renforce l'opération Barkane dans la zone des 3 frontières avec 200 hommes supplémentaires
Mais les questions de fond demeurent.
Le sommet du G5 s'est finalement tenu sur des bases relativement assainies : réaffirmation par les 5 dirigeants de leur demande d'intervention de la France d'un coté, redéfinition des objectifs de Barkane et volonté d'élargissement à de nouveaux partenaires de l'autre.
Mais l'apaisement des tensions nourries par la montée de discours anti français dans les pays du Sahel ne fait pas illusion. Il ne s'agit plus d'empêcher des djihadistes étrangers de se ménager un sanctuaire dans le nord du Mali mais de lutter contre des combattants locaux utilisant la rhétorique islamique pour asseoir leur emprise sur la population et prendre le pouvoir. Enracinée elle prospère désormais sur des conflits communautaires parfois ancestraux mettant l'armée française en porte à faux.
Les salafistes sahéliens même si leurs conceptions religieuses heurtent les traditions locales, exploitent les conflits fonciers entre agriculteurs et pasteurs, mettent en cause les profits que tirent les chefs traditionnels du contrôle des allées et venue, y compris les trafics d'armes, de migrants et de drogueet exploitent le sentiments d'injustices qu'éprouvent les catégories défavorisées de la population considérée comme des esclaves. Ce djihad là met en cause la corruption des pouvoirs centraux et l'incapacité des gouvernants africains à assurer le minimum de prérogatives d'un Etat : sécurité, justice, santé et éducation.
Comment les soldats français pourraient-ils arbitrer pareils contentieux locaux sans apparaître comme les complices de régimes impopulaires et corrompus ?
Se retirer serait livrer les pays du Sahel et leurs populations au chaos et à l'emprise d'une dictature religieuse, avec des conséquences en matière d'immigration.
EDITO LE MONDE 14 JANVIER 2020 (extraits)
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