Comité de Jumelage-Coopération La Fouillouse-Soufouroulaye

Un partenariat de développement décentralisé au Mali

La commune de La Fouillouse (voir son site officiel) proche de Saint Etienne dans la Loire, France, s'est engagée depuis 1986 dans un jumelage-coopération avec Soufouroulaye, commune de SIO au Mali.
Chacune des deux communes a confié à un comité de jumelage, dans le cadre d'une délégation de maîtrise d'ouvrage, l'animation et la gestion de cette coopération.

notre courriel : jumelage-soufouroulaye@orange.fr
notre compte Facebook : Comité de Jumelage-Coopération La Fouillouse-Soufouroulaye



vendredi 15 août 2014

La Force Noire

A l'occasion des commémorations du débarquement en Provence en aout 1944 les médias se font échos du rôle prépondérant des troupes coloniales engagées dans la reconquête du sud de la France et de l'Europe. Cette action militaire de grande envergure fut un grand succès avec les prises rapides de Toulon et de Marseille.
Les troupes coloniales, "Les Tirailleurs Sénégalais" ou "Force Noire" constituaient le fer de lance des troupes engagées.


Zoom
Les « tirailleurs sénégalais » sont un corps militaire appartenant à l’armée , constitué au sein de l’empire colonial français en 1857 et dissous en 1960. Ils combattent aux Dardanelles puis participent à la prise du fort de Douaumont en 1916 et au Chemin des Dames en 1917. En 1944 ils sont à Bir Hakein puis débarquent en Provence. Ils sont engagés ensuite dans les conflits coloniaux (Indochine, Algérie) Le recrutement se fait par réquisition ! (pas d’état civil = pas de conscription) Les pensions de tous ces soldats sont « gelées »à la date de l’indépendance de leur pays. En 2007 le parlement français vote la revalorisation des pensions des soldats des ex colonies.

 

Jacques Des Roseaux --président fondateur-- du Comité de jumelage-coopération, nous raconte une rencontre humaine d'une grande intensité lors d'un de ces nombreux voyages au Mali :

La Force Noire

Au cours de l’un de mes premiers séjours au Mali, j’ai eu la chance de faire une rencontre étonnante. En parcourant le labyrinthe des ruelles de Saré-Mala, superbe village de pêcheurs non loin de Soufouroulaye, l’instituteur qui me servait de guide tenait absolument à me présenter « quelqu’un »
Le mystérieux personnage nous attendait effectivement, assis sur le seuil de sa maison, chevelure grise, oeil vif et boubou bleu.
« Soyez le bienvenu, me dit-il, vous êtes ici chez vous. Je me nomme Ibrahim Keita et je connais la France ».
 Devant mon étonnement, il se leva et m’invita à entrer dans sa maison. Dans la pénombre, il me tendit un petit livret sorti précautionneusement d’une vieille boite métallique. Il s’agissait d’un livret militaire confirmant que le Tirailleur de 1ère classe Ibrahim Keita, « présumé né en 1922 » avait servi en 1944 et 1945 au 28ème Bataillon de Tirailleurs Sénégalais au cours de la campagne d’Italie, puis participé au débarquement de Provence avant de participer à la reprise de Toulon.

Comment imaginer avoir un jour la chance de rencontrer l’un des 140 000 « Tirailleurs Sénégalais » (issus en fait de toute l’Afrique de l’Ouest et d’une partie de l’Afrique Equatoriale) ayant participé à la libération de la France entre 1940 et 1945 ? Près de 24 000 d’entre eux ne reverront jamais l’Afrique et dorment sous quelques pelletées de terre de France, d’Italie ou d’Allemagne.  
Mais quelle ne fut pas ma surprise en remarquant un cadre poussiéreux suspendu au mur de terre de l’unique pièce de la maison, une authentique croix de guerre y était pieusement conservée sur fond de citation à l’ordre de l’Armée. « ça, me dit-il, c’était mon oncle, le frère de mon père. Il a participé à la bataille de Reims, en 1918. Il est porté « disparu », et cette médaille reste le seul souvenir. Que la terre de France lui soit légère ! » Ousman, l’oncle d’Ibrahim, était donc l’un de ces 135 000 Tirailleurs Sénégalais qui, aux côtés des soldats Français, Malgaches, Magrhébins, Indochinois et autres, ont connu l’enfer des tranchées, de la mitraille, de la boue, du froid…et mille autres souffrances. Ils faisaient partie de ce que l’on appelait « La Force Noire »

Tout comme Ousman, 30 000 d’entre eux sont « Morts pour la France », sans compter les très nombreux blessés ! A méditer alors que nous célébrons le 100ème anniversaire de la Guerre de 1914, et le 70ème anniversaire du débarquement en Normandie…
 
Respectueux et admiratif, j’ai posé deux questions au Tirailleur de 1ère classe Keita : Quel est votre meilleur souvenir de soldat ?
« J’ai vu la mer ! Jamais je ne me suis senti si petit ! » me dit-il.
Et le plus mauvais souvenir ?
« Les godillots ! Quel calvaire, pour nous qui avions l’habitude de marcher pieds nus, que de
 chausser ces épouvantables brodequins cloutés règlementaires….Mais on se fait à tout ! »
Sur le pas de la porte, avant de nous séparer, une ultime question : et maintenant, qu’est-ce qui vous ferait le plus plaisir ?
« J’aimerais revoir la France "



 


 

 







 




 

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